Le berceau d'eau a été remanié entre 1677 et 1679 par Le Nôtre pour devenir le bosquet des trois fontaines.

Ne comportant aucun décor sculpté il est resté célèbre pour la profusion et la variété de ses effets d'eau.

Blondel écrit au milieu du XVIIIe siècle: "Ce bosquet seul aurait été capable de faire la réputation de Le Nautre."

Une série d'aquarelles conservée à la Bibliothèque de l'Institut porte, à côté du plan cette indication manuscrite: "de la pensée du roi, exécuté par Monsieur Le Nostre."

Rien ne saurait mieux porter témoignage de la complicité qui unissait Louis XIV à celui qui fût le seul à porter le titre de Jardinier du roi.

Après trois ans de travaux ce bosquet est ressuscité en 2004, grâce au mécénat des American Friends of Versailles .


La Salle de Bal est créée à la place d'un ancien bosquet mal connu et qui n'a de toute façon eu qu'une vie très éphémère. Les travaux commencent en 1680 avec l'implantion d'un réservoir particulier en arrière de la butte.

Les travaux de maçonnerie, la confection des rocailles, la plomberie qui se monte à plus de 50.000 livres, la confection de torchères et vases en "métail" en 1683, font que l'inauguration officielle par le Dauphin n'intervient qu'en 1685.

Au centre se trouvait une piste, décorée de quatre vases de François Fontenelle en plomb doré ornés d'instruments de musique, à laquelle on accédait par quatre passerelles enjambant un canal.

La piste sera détruite en 1707 par Mansart, et le bosquet prendra alors son nom de Bosquet des Rocailles.

D'abord Fontaine de la Renommée en raison de la statue centrale, ce bosquet est constamment remanié à partir de 1677 par Le Nôtre et Mansart qui y font construire deux pavillons revêtus de marbre avec colonnes pilastres et frontons, rehaussés d'ornements de plomb doré, ainsi que de trophées en bronze doré par Ledoireau.

Girardon y transporte les groupes déjà fameux de la grotte de Thétis, au fond, devant des palissades de treillage et de verdure.

Pendant 20 ans ce bosquet sera celui des Bains d'Apollon, et le 15 mai 1685 le roi y donne à danser à sa cour.

En 1704 Louis XIV fait transporter les trois groupes à leur emplacement actuel. Les pavillons ont été abattus par Louis XVIII, et le bosquet n'est plus qu'un pâle souvenir de ce qu'il fût.







La Galerie d'Eau ou Salle des Antiques était trop fragile, avec ses jets innombrables, ses multiples goulettes, ses charmilles taillées et ses arbres, pour pouvoir durer longtemps. Dès le début elle fait l'objet de restaurations incessantes, et semble avoir été, avec le Labyrinthe l'un des premiers bosquets fermés par une grille de fer, même à l'époque de Louis XIV

En 1704-1705 ce bosquet sera transformé, privé de ses fontaines, et planté de marronniers qui étaient encore à l'époque une sorte de rareté végétale.


Faisant suite au Pavillon d'eau, le bosquet de l'Arc de Triomphe est parvenu à son terme entre 1679 et 1683.

Des piédestaux et guéridons rehaussés de métal doré modelés par Le Gros et Massou, supportent des vasques dont les effets s'ajoutent à ceux des buffets latéraux et de l'arc de triomphe du fond.

En 1681 Tuby présente le modèle de la grande fontaine du bas, La France Triomphante. Installé en 1683 cette fontaine est le seul élément restant d'un vaste ensemble qui comprenait les fontaines latérales de la Gloire et de la Victoire dûes à Mazeline et Houzeau, vraisemblablement fondues au XIX siècle.

Les piédestaux et scabellons ont été dispersés: il y en a notamment deux dans le foyer des professeurs de l'ancienne école de médecine de Paris...
Survolez le plan avec votre souris pour découvrir les lieux.
Le parterre d'eau a trouvé, non sans mal, la géniale simplicité qui en fait un chef d'œuvre d'harmonie.

Vingt huit statues de marbre, dont les 24 de la grande commande de 1674, devaient peupler le parterre dessiné par Sybraïque, mais peu à peu le roi et et son entourage s'inquiétèrent de l'effet que causeraient ces grandes chandelles blanches dans un espace qui devenait trop petit.

En 1684 le projet est abandonné et le nouveau parterre dessiné par Le Nôtre sur décision de Louis XIV. Il semble y avoir là moins de science qu'un empirisme éclairé et un sens aigu des proportions justes que même le duc de Saint Simon reconnait sans discussion au roi.

Les horizontales des bronzes guident le regard vers la grande perspective qui se perd au loin, sans que rien ne vienne perturber la vue...
Créé en 1675, le bosquet d'Encelade s'est vu enrichir en 1678 de vasques de rocaille au centre des bassins circulaires de la terrasse octogonale, en même temps que les pilastres de la galerie de treillage sont couronnés de vases.

Pour accentuer l'effet de surprise entre le caractère dramatique de la scène représentée et le caractère bucolique du décor, l'entrée se fait par deux allées coudées.

L'opposition est frappante entre les vases de métal au sommet des treillages et la forme en amphore des topiaires, la préciosité de l'or et la rusticité des rocailles.

Cette manière baroque caractéristique des débuts de Versailles se verra progressivement "épurée" par Mansart, qui en 1706 supprime les treillages et les vasques.

La restauration de 1999 a repris la configuration d'origine.






Le parterre du nord est rehaussé de vases de bronze ou de marbre disposés sur les balustrades ou parmi les broderies, et de sculptures de marbre de la Grande Commande de 1674 qui avaient été initialrement prévues pour le parterre d'eau.

À l'emplacement de l'ancien bassin de la sirène, en haut des marches sont placées deux figures dont les modèles ont servi aux Keller pour la fonte des deux bronzes qui sont toujours en place: la Vénus pudique ou "honteuse" d'après Coysevox et le Rémouleur sur une copie de Foggini d'après l'antique.










Sur un dessin de Mansart sont créés en 1684 deux cabinets d'eau, encadrés chacun de trois statues de la grande commande, et, sur les bassins de marbre polychrome, de deux combats d'animaux formant effets d'eau, fondus en bronze par les frères Keller en 1687.





Le parterre de Latone fait l'objet de quelques restaurations et de quelques embellissements.Tout un peuple de termes et de vases de marbre blanc sont sculptés à Rome d'après l'antique par l'équipe habituelle sur des dessins de Lebrun ou Mansart.

Louis XIV poursuit le projet de décorer la muraille de niches et de statues. Aux dessins qu'en donne Lebrun succèdent des modèles en plâtre que livre Girardon en 1684.

Finalement le projet est abandonné et le roi donne l'ordre en 1702 de planter d'ifs les rampes du parterre, "pour cacher les murs de terrasse, comme le reste."



À peine le "Vertugadin", bassin supérieur, était-il fini de décorer que l'Île du grand bassin s'effondrait. On laissa subsister en pleine eau quelques uns des gros jets qui l'ornaient, et on disposa des niches de verdure et des statues sur le pourtour.

Les deux colossales statues sculptées d'après l'antique, Flore Farnese et Hercule Farnese, sont restées en place après que Louis XVIII eu détruit ce bosquet pour le remplacer par le Jardin du Roi dont la conception et le goût n'ont rien à voir avec l'esprit du XVIIe siècle.

À la décharge de Louis XVIII on peut mettre le manque d'entretien dont ce bassin avait fait l'objet, et la "bonne œuvre" qui donna du travail à des centaines de malheureux dans une période difficile.



Le parterre du midi a, lui aussi doublé de surface, en symétrie avec le parterre du nord.

Les termes de pierre et les grilles sont démontés en 1685, tandis que les sphynx qui ornaient le haut des marches de Latone sont déplacés au sommet des dégrés qui ouvrent l'accès au parterre. Les amours qui les chevauchent sont "dédorés" pour s'harmoniser aux vases de Duval et Ballin des tablettes du parterre comme aux bronzes qui ponctuent les margelles du parterre d'eau.

Tout est en place pour que commencent les travaux de l'Orangerie.

Les trois parterres primitifs n'ont pas vraiment disparu: Louis XIV les aimait trop. Souvenirs de son enfance, il les a magnifiés et portés à un niveau que personne n'aurait pu imaginer.

Le bosquet des Bains d'Apollon remplace l'ancien Buffet pour recevoir les groupes de la grotte de Thétis qui avaient "transité" par le bosquet de la renommée auquel ils avaient d'ailleurs provisoirement donné leur nom.

Ils sont placés comme au fond d'une galerie de verdure sous trois baldaquins de plomb doré précédés de nappes d'eau. cette configuration durera jusqu'à la refonte du bosquet par Louis XVI.

La partie basse du bosquet verra Louis XV y établir le bosquet de la savonnière. Dès 1684 Louis XIV avait prévu d'y créer une fontaine "qui devoit être beaucoup plus magnifique que toutes elles qui étaient déjà faites."

Un projet de "Mont de Parnasse" fût présenté qui devait coûter trois millions et demander trois ans de travail. Il fût abandonné ainsi que deux autres ultérieurs.





Le bosquet du Théatre d'Eau est particulièremet dispendieux, tant pour son entretien courant que par sa consommation en eau, mais jusqu'à sa mort Louis XIV a voulu conserver ce bosquet glorieux ainsi qu'en témoigne ces lignes de sa main dans la dernière des six versions qu'il a écrites de sa "Manière de voir les jardins de Versailles":

"On ira après à Cérès pour aller au théatre, on verra les changements, et on considérera les jets des arcades."

L'une des grandes idées de Louis XIV est de faire de l'ancienne pièce des sapins le plus important de tous les bassins de Versailles, le Bassin de Neptune.

Le Nôtre et Lebrun y ont travaillé avec lui: la grande cuvette est creusée en 1679-1680 et son mur dressé. Des ormes et des épicéas sont plantés en 1681, et de 1682 à 1684 sont exécutés les parapets avec leurs sculptures de glaçons, les vases, masques et coquilles de "métail" d'où sortent de nombreux jets que le roi voit jouer tous ensemble pour la première fois en mai 1685.

Louis XIV demande alors à Coysevox, Houzeau, Raon et Lebrun des croquis et modèles en plâtre d'un Neptune, d'une Amphitrite et de divers groupes.

Ce bassin doit marquer le triomphe du roi sur les eaux et être le sommet de Versailles. Louis XIV n'en verra pas l'achèvement.


C'est un projet grandiose qui se réalise à partir de 1678 avec le doublement de l'ancienne orangerie de Le Vau. Il était rendu nécessaire pour l'harmonie des proportions avec les nouveaux parterres du nord et du midi.

Le régiment Dauphin est mis à contribution, et le 14 novembre 1685 Louis XIV, arrivant de Fontainebleau, après s'être rendu aux nouveaux réservoirs de Montbauron, se promena dans l'Orangerie qu'il trouva "d'une magnificence admirable."

Ce bâtiment étonnant dont les murs atteignent par endroit cinq mètres d'épaisseur, assure une constance de température remarquable pour y abriter sans problème les végétaux sensibles.

Trois quarts de siècle plus tard, l'architecte Blondel estime l'ouvrage "digne de la magnificence des romains, ... une des merveilles de l'Europe."




Le bosquet des sources n'a connu qu'une vie éphémère, puisqu'après des travaux assez importants de maçonnerie, rocaille et plantation de buis en 1682, Louis XIV donne l'ordre en juin 1684 à Hardouin Mansart d'y élever à la place "une colonnade de marbre avec de grosses fontaines."

Cinq brigades du régiment du Dauphin participent à l'ouvrage, et le roi vient fréquemment visiter les travaux.

Lors de l'inauguration il n'existe qu'une seule entrée, à l'ouest, et il faudra attendre 1699 pour que le groupe de l'enlèvement de Proserpine soit mis en place.

Les deux autres allées ont été ouvertes en 1704 et 1705.
1690
Versailles atteint son apogée. Jamais le parc ne sera plus beau que dans ces quelques années. Bientôt commenceront les simplifications exigées tant par des soucis financiers que par un changement progressif du goût.

Louis XIV n'est plus le jeune roi fougueux à qui rien ne résistait et qui stupéfiait l'Europe toute entière par ses audaces.
Il n'avait que25 ans lorsqu'il promenait Mlle de Lavallière dans ce qui serait Versailles. Il en a maintenant plus de 50, et pour ne s'en tenir qu'aux jardins, il a connu le 16 août 1688 le premier échec de sa vie, lorsqu'il a dû faire abandonner à ses troupes le chantier de l'Eure en raison du début de la guerre de la ligue d'Augsbourg.

Jamais Versailles ne connaîtra l'abondance des eaux vives que rêvait le roi.