23 janvier 2008
Les rampes de Latone vont reprendre leur configuration d'origine...
Les travaux de replantation de la Salle des Bains d'Apollon ont commencé.

Extrait d'un article signé de Philippe Pataud Célérier, paru dans le Monde Diplomatique de septembre 2008:

Parlerait-on de ce cœur rose géant « Hanging heart » chromé, noué d’un ruban doré si la pièce n’avait pas atteint un prix faramineux en salle des ventes ? Pièce pour laquelle Sotheby’s rappelait les milliers d’heures de travail passées par Koons (plus précisément par les ouvriers de son atelier). La maison de vente aux enchères était-elle à court d’arguments pour réactiver des critères qu’on pensait inappropriés au monde de l’art contemporain ? Qu’importe. Elle possède depuis le 14 novembre 2007 un argument implacable : le cœur rose géant a été adjugé 23,6 millions de dollars (environ 16 millions d'euros), soit le prix d’adjudication le plus élevé pour un artiste vivant. Et l’explication fuse aussitôt : « S’il n’y avait rien, pensez vous réellement qu’un collectionneur aurait payé ce prix là ? » Et en effet, il y a désormais ce prix ; d’autant moins discutable que plus il estélevé, plus la capacité à critiquer la pièce devient faible car du vendeur jusqu’au commissaire-priseur chacun a tiré le prix vers le haut, à coups d’argumentation-augmentation pour justifier à la fois son travail et son revenu. « En fait, conclut ironiquement un observateur du marché, l’acheteur s’est offert non une pièce mais un prix ; un prix qui fait toute la valeur de la pièce ; seulement la pièce est parfois si faible qu’on se demande si l’argent a encore une quelconque valeur dans ces milieux où il abonde. »

Mais l’art contemporain a le vent en poupe. Il assied les fortunes rapidement acquises. « Il est ce pas de porte à payer pour entrer dans un circuit relationnel où l'on vous juge sur des critères de solvabilité ; droit d’entrée spectaculaire aux échos médiatiques particulièrement importants pour les nouveaux entrepreneurs des pays émergents » commente Aude de Kerros. Il séduit les entreprises qui veulent associer à l’image de l’art contemporain l’innovation de leur activité, accréditant la thèse que l’art se développerait selon le modèle d’un progrès technologique. Accessible, non élitiste comme le clame Jeff Koons il devient même l’adjuvant médiatique, commercial et démocratique de certaines institutions qui se jugent trop corsetées par le poids de leur histoire. Fin 2008, les œuvres de Jeff Koons fouleront les jardins de Versailles. Ce qui ne manquera pas de plaire à François Pinault, l’un de ses grands collectionneurs, mais aussi de nous interpeller : le nouveau président de l’Etablissement public du musée et du domaine national de Versailles, Jean-Jacques Aillagon, n’était-il pas le directeur du Palazzo Grassi ? Convergence d’intérêt ? Les fortunes sont faites depuis longtemps et puis n’oublions pas n’oublions pas non plus que François Pinault est aussi le propriétaire de Christie’s depuis 1998 ?